La série des Rivages est l'expression d'une profonde admiration pour les grands espaces qui m'entourent, en l'occurrence le littoral occitan, particulièrement l'étang de Thau et tous ceux qui ponctuent la côte jusqu'aux portes de l'Espagne, un ruban d'eau sur lequel je me balade en mémorisant les jeux de lumière, les reflets, les couleurs. L'émotion que j'éprouve devant ces espaces épurés opère aussitôt et modifie mon état d'âme, m'éloignant de l'agitation pour me donner une nouvelle respiration. Je retrouve un sentiment de liberté, d’unité avec les éléments dans un espace sans limites.

Le monde trépidant s’éloigne et disparaît...

J'ai délaissé les croquis in situ et les photographies pour m’en remettre ce que ma mémoire gardait de la lumière et des couleurs qui sont au centre de mon travail pour traduire la beauté de ces espaces dans un langage qui va du figuratif à l'abstrait. Depuis toujours je vais de l’une à l’autre de ces expressions ou les alliant.

Je me suis progressivement défaite des détails pour ne garder que ce qui me semblait essentiel avec un minimalisme des moyens picturaux recherché, cultivé, une forme de simplicité, de pureté peut-être. Ce parti pris libère l'espace, donne toute la place à la couleur, à la lumière qui sont au centre de mon travail. Seuls quelques éléments verticaux arriment la composition, font des ricochets, apportent un rythme et créent la poésie du reflet, élément incertain qui oscille et vibre discrètement pour apporter un mouvement à peine perceptible.

En réalisant les fonds, le paysage apparaît, il naît de ma mémoire et prend forme, une étape captivante.

Peindre c'est restituer un état, un sentiment, une vérité et c’est au final un partage. J’ai voulu parler de ce que la beauté nourrit en nous, donner un sentiment d'apaisement. Parler d'un paysage, d’un espace qui invite au voyage, offre une rêverie bienfaisante, un instant de repos, une réflexion sur notre rapport à la nature.

Faire des tableaux comme des fenêtres ouvertes...